A partir du XIXème siècle

La tourmente révolutionnaire passée, la commune retrouve le chemin de l’église, son nom de Saint-Lunaire, ses petits métiers, une population accrue et…le retour de Renée de Ponthual avec son époux, le comte de Cheffontaines. Celui-ci devient Maire et récupère une partie des biens familiaux dont les mielles, traditionnellement laissées à la disposition des habitants. On commence à se soucier de l’éducation des enfants, celle des garçons en premier lieu.

Les Marins, cap-horniers et terre-neuvas

La grande pêche et le transport par mer de lourdes charges comme le charbon et le salpêtre vont entraîner la constitution d’armements maritimes importants qui recruteront un grand nombre de marins issus des côtes d’Armor et d’Ille-et-Vilaine. Pour leur fournir une formation adaptée, les instituteurs religieux ou laïcs se mobilisent. A Saint-Lunaire, un instituteur du nom de François Renaud fit un travail remarquable et prépara près de 386 capitaines dont beaucoup furent employés par la Compagnie Bordes ou s’adonnèrent au cabotage. Ce fut le temps des grands voiliers qui dura jusqu’à la seconde guerre mondiale.

Ces marins, revenus au pays, lorsqu’ils avaient de la chance, construisaient alors sur les terres familiales des maisons dites « de capitaine » que l’on peut voir sur le territoire de toute la commune et souvent dans les hameaux.

 

Le balnéaire

La France de Napoléon III connut le chemin de fer, le progrès, les voyages, la réussite, les révolutions, les exilés, l’industrie triomphante.

Lancée par la duchesse de Berry, l’impératrice Eugénie et la gentry anglo-saxone, la vogue des bains de mer gagna tous ceux qui pouvaient voyager par bateau, en voiture ou en train pour les souverains ou ex-souverains, pour les artistes et la haute bourgeoisie. Recommandés par les médecins, les bains de mer devinrent la panacée et l’on vit arriver à Saint-Lunaire durant la Belle Epoque et les Années Folles tout ce que le monde comptait de belles fortunes et de beaux talents.

Il faut dire que les investisseurs ne manquaient pas et à côté des maisons de pays ou maisons de capitaine offertes à la location, ces financiers, banquiers, affairistes, actionnaires du journal Le Figaro, se mirent à construire des quartiers complets. Le richissime haïtien Sylla Laraque fut l’un des principaux bâtisseurs de Saint-Lunaire après que les descendants de la famille de Ponthual eurent vendu une grande partie de leurs biens dont les mielles du Décollé. Divisé en parcelles, celui-ci se hérissa de somptueuses demeures osant tous les styles et conçues par des architectes de renom. Une nouvelle Eglise, un Sémaphore, un Grand-Hôtel, une usine à gaz, des tennis… Saint-Lunaire se voyait comme le nouveau Biarritz.

Les hôtes

Si l’on compte parmi les résidents de l’été, bon nombre de têtes couronnées, d’infants, d’infantes ou de souverains déchus dans les hôtels ou en locations particulières comme la Reine de Roumanie ou le Comte de Paris, les grands noms de la finance et de l’industrie internationales sont aussi présents. Ils fréquentent le Casino où se produisent les artistes. Les intellectuels, les grands chanteurs, les comédiens s’installent ou louent à Saint-Lunaire. Après la cantatrice La Patti qui résidait chez des propriétaires lunairiens et le gendre de Théophile Gautier, Emile Bergerat, qui alla jusqu’à construire une résidence dans le style des villégiatures propres à Charles Garnier, Caliban. Dans cette maison sise au beau milieu de la grève de la Fourberie, il reçut avec sa femme Estelle, au cours des 30 années de ses séjours d’été: Jules Verne et son fils Michel, Georges Feydeau, la comédienne des Variétés Eve Lavalière, Flers et Caillavet en résidence à Saint-Lunaire, Rosemonde Gérard épouse Rostand, les Richepin, le poète Raoul Ponchon, sa belle-sœur Judith Gautier, les musiciens Lortat et Ciampi. Les manifestations mondaines, les fêtes de bienfaisance se succédaient tandis que les femmes du pays trouvaient du travail comme blanchisseuses, femmes de chambres, couturières, gardiennes. Leurs époux, s’ils n’étaient pas partis en mer, devenaient chauffeurs, jardiniers, cochers ou pilotes de bateau.

La poste- mosaïque Odorico

La poste- mosaïque Odorico

Le XXe siècle et les deux guerres

La Grande Guerre mit fin à la Belle-Epoque et si les activités reprirent vite dans les Années Folles, la Seconde Guerre sonna le glas des réjouissances et l’on vit arriver à Saint-Lunaire les réfugiés du Nord de la France. On s’organise, on s’entraide, on soigne les blessés. A la fin du conflit, Saint-Lunaire retrouve un littoral affublé de casemates que l’on abandonne vite à la végétation, des hôtels en triste état s’ils n’ont pas été démolis mais la commune s’est fait de nouveaux amis, les ch’tis, qui reviennent, acquièrent des maisons pour en faire des « familiales ».

Les congés payés populaires font découvrir la côte aux nouveaux vacanciers qui demandent des terrains de camping, des clubs de sport, des chemins de randonnée. Il faut construire plus simple, veiller à préserver la nature, le littoral, l’attrait des quatre plages et maintenir la population au pays.

 

Saint-Lunaire et le XXIe siècle…une histoire à suivre.

Marie-France Faudi.